Alexandre Samier, Responsable Data Management & Interfaces au SIGI, nous partage sa vision et son retour d’expérience sur la transition vers un écosystème numérique ouvert et sur le rôle central des API et des webservices dans la stratégie de transformation digitale du SIGI.
Pourquoi le SIGI a-t-il décidé de passer d’un système fermé à un écosystème ouvert ?
Pendant longtemps, le SIGI privilégiait le développement interne de toutes ses solutions. Cette approche avait du sens à une époque, mais elle entraînait parfois des attentes importantes chez les communes lorsque certains besoins ne pouvaient pas être traités immédiatement.
Avec le nouvel élan impulsé par le Bureau et la Direction, nous avons choisi de recentrer nos efforts sur ce qui est essentiel au fonctionnement des communes. Pour le reste, nous adoptons désormais un rôle d’intégrateur ou de facilitateur.
Cela permet aux communes de bénéficier de solutions externes innovantes et éprouvées, tout en garantissant une cohérence globale de leur écosystème numérique
Quels étaient les principaux obstacles qui avaient freiné cette ouverture dans le passé ?
Le réflexe de « tout développer en interne » s’était installé progressivement. Cette culture rendait les collaborations avec des sociétés tierces ou d’autres organismes publics plus complexes. Au fil du temps, cette posture a freiné l’ouverture du SIGI et ralenti certains projets importants.
La transition vers un écosystème ouvert implique donc aussi un changement culturel profond.
Comment ce changement s’inscrit-il dans la stratégie, transformation digitale des prochaines années?
Cette évolution renforce clairement notre stratégie. Elle nous permet de proposer des solutions plus pertinentes pour soutenir les communes, syndicats et offices sociaux dans leurs missions essentielles auprès des citoyens.
En évitant de disperser nos efforts, nous concentrons nos ressources sur la création et l’entretien de solutions robustes, pérennes et parfaitement alignées avec les besoins réels du terrain.
Quel rôle jouent les API (Application Programming Interface) et les webservices dans cette transition ?
Les API et les webservices sont les fondations de la nouvelle architecture du SIGI. Ils permettent aux applications de communiquer entre elles, d’échanger des données de manière fluide et sécurisée, et d’éviter les ressaisies multiples.
Cette approche nous place déjà dans la conformité du principe du « once only », qui va prendre une importance majeure dans les mois et années à venir.
Les API sont donc autant un outil technique qu’un levier stratégique.
En quoi l’ouverture des systèmes améliore-t-elle l’interopérabilité entre les communes et leurs outils numériques ?
L’ouverture permet d’éviter les encodages multiples, de simplifier le travail quotidien des agents et de leur éviter de jongler entre plusieurs applications pour un seul processus.
Elle permet également de fluidifier les démarches administratives entre communes.
Un exemple concret est la synchronisation avec le RNRPP, qui a permis de simplifier fortement la procédure de changement de résidence habituelle.
Tout cela contribue à rendre l’écosystème communal plus cohérent, plus rapide et plus fiable.
Quels sont les bénéfices les plus visibles pour les communes aujourd’hui ?
Les communes peuvent aujourd’hui exécuter plus simplement des tâches complexes et automatiser les tâches répétitives.
Cette automatisation leur permet de dégager du temps pour se concentrer sur des dossiers à forte valeur ajoutée, c’est-à-dire ceux qui ont un impact direct sur les citoyens.
Quel a été votre rôle dans la mise en place de cette nouvelle architecture ?
En tant que Data & API Manager, j’ai joué un rôle actif dans la mise en place de cette architecture. Les communes d’Esch-sur-Alzette et de Dudelange ont été décisives : elles ont formulé des besoins très concrets lors des premières phases, ce qui nous a permis de poser les bons fondements.
Ensuite, après échanges avec d’autres partenaires et fournisseurs, j’ai établi une première liste de services à exposer pour la version initiale (novembre 2025).
Depuis, cinq nouvelles demandes d’API sont déjà en développement — preuve que l’écosystème prend vie rapidement.
De quelle manière la Direction et le Bureau ont-ils soutenu et encouragé cette transformation ?
Le Bureau a été moteur dans le lancement de cette initiative, notamment via la commission Micro-Informatique.
La Direction a ensuite permis au projet d’avancer en levant les blocages — principalement internes — qui freinaient son déploiement.
Sans leur soutien, cette transformation n’aurait pas pu atteindre la maturité actuelle..
Quels types de partenaires souhaitez-vous y intégrer ?
En priorité, nos partenaires institutionnels : CTIE, MyGuichet, CCSS, LBR, le Cadastre… Tous les acteurs publics avec lesquels les communes interagissent au quotidien.
Nous envisageons ensuite l’intégration de partenaires non étatiques proposant des solutions innovantes et fiables.
Le SIGI conserve un devoir de réserve dans le choix de ses partenaires : ce sont les communes qui décideront, en dernier ressort, des acteurs à intégrer dans cet environnement.
Quel changement concret les citoyens pourraient-ils percevoir grâce à cette ouverture ?
Les agents communaux disposeront de plus de temps pour traiter les demandes qui comptent réellement pour les citoyens. En parallèle, des solutions plus adaptées aux missions secondaires mais utiles compléteront l’écosystème.
Résultat : une expérience citoyenne plus fluide, plus rapide, plus cohérente — et le sentiment d’être mieux accompagné dans chaque étape de sa vie communale.
Comment voyez-vous l’évolution de l’écosystème du SIGI dans les trois prochaines années ?
L’écosystème du SIGI reflétera le Luxembourg de demain : un environnement composé de briques multiples, mais parfaitement intégrées, où chaque solution trouve naturellement sa place.
Nous évoluerons vers un mélange harmonieux de développements spécifiques et d’intégrations de solutions tierces, toutes capables de communiquer entre elles.
L’objectif reste inchangé : simplifier le quotidien des agents et celui des citoyens.
En clair, c’est quoi une API ?
Une API simplifie la communication entre deux systèmes dont ce n’est pas la fonction principale.
C’est un contrat de service clair : une demande (requête) et une réponse.
L’exemple du restaurant illustre bien le fonctionnement : le menu représente le contrat de service, votre commande est la requête, et l’assiette servie est la réponse.
Vous ne demandez jamais au cuisinier directement : l’API joue ici le rôle du serveur qui fait transiter les bonnes informations entre les deux parties.
Les communes intéressées par l’utilisation des API du SIGI, peuvent-elles vous contacter ?
Oui, tout à fait. Les communes intéressées peuvent contacter le service Relations Clients par e-mail à service@sigi.lu. Celui-ci constitue le point d’entrée pour analyser les besoins, présenter les API disponibles et accompagner les projets d’intégration.
Alexandre Samier
Responsable Data Management & Interfaces

